Sophie Brandstrom
L’Ange de Sibérie
FotoMasterclass #6
La Fotomasterclass qui vient de s’achever a été pour moi l’occasion d’une parenthèse particulièrement enrichissante dans ma carrière de photographe. S’il fallait en retenir les principaux atouts je citerai d’abord la qualité de l’accompagnement de FLORE, Sylvie et d’Adrian dont la constante bienveillance nous a permis de progresser dans nos projets personnels. La confiance et le soutien enrichissent une atmosphère stimulante au rythme des rendez-vous en présentiel entrecoupés d’échanges individuels au fil de l’eau.
Cette maïeutique aboutit à la fois de se mettre en ”pause”, de prendre du recul mais en même temps de construire de manière dynamique l’ensemble d’un projet photographique de sa conception à sa concrétisation à travers la réalisation des tirages papiers qui en constituent le rendu.
Cette expérience m’a permis de m’affranchir des traditionnels freins et contraintes que nous rencontrons tous en tant que photographes et de conduire à son terme le premier volet d’une recherche personnelle que je vais poursuivre dans les années à venir.
Sophie Brandstrom
1914, l’Europe bascule dans ce qui va devenir la première guerre mondiale.
Une jeune suédoise nommée Elsa Brändström, née à Saint Petersburg et âgée de 26 ans va participer à la naissance de la délégation de la Croix rouge Suédoise.
Fille du consul de Suède à Saint Petersburg, elle va grâce à l’appui de sa famille et de son énergie débordante œuvrer à la protection et aux soins des prisonniers allemands et austro-hongrois détenus en Russie. Elle va durant tout le conflit faire acheminer vivres, vêtements et médicaments dans les camps de prisonniers le long de la ligne ferroviaire transsibérienne. A la fin de la guerre en 1918 elle va poursuivre son action sur le territoire devenu celui de l’Union Soviétique depuis 1917. Elle restera en Sibérie jusqu’en 1920. Dès lors sa vie sera dédiée à cette cause.
1962, je vois le jour à Stockholm. Mon enfance est bercée par les récits de mon père retraçant l’histoire de celle qui était tout simplement ma grande tante. Je comprends qu’elle a acquis dans son pays mais aussi à l’étranger l’image d’un personnage hors du commun que je vérifie au travers d’indices tels que le nom de rues, d’écoles, de dispensaires ou tout simplement sur des timbres à son effigie, n’est elle pas communément surnommée en Suède l’ange de Sibérie. Au fil des années je réalise qu’elle reste mon héroïne. En grandissant je prends conscience qu’elle fait partie de mon héritage personnel, familial et culturel.
2020, j’entreprends mon premier voyage en Sibérie sur les traces d’Elsa, entre le lac Baïkal et Krasnoïarsk. Je réalise la force de l’espace, la puissance de la nature et l’humilité des hommes.
De ce pèlerinage je comprends que je ne suis parvenu qu’à soulever une partie du voile entourant son histoire et que d’autres voyages suivront, à l’est, toujours plus à l’est jusqu’à Vladivostok où d’autres anges ont aussi œuvré.