Emilie Molinero
A l’abri des voilages
FotoMasterclass #12
Ces huit mois d’accompagnement m’ont permis de prendre confiance dans mon travail personnel. J’ai osé jouer davantage avec la technique pour servir au mieux mon propos et affirmer une écriture photographique grâce à l’aide de Flore, Sylvie et Adrian qui ont des regards complémentaires les uns des autres. L’énergie du groupe et les projets menés par les autres participants ont également contribué à faire évoluer ma réflexion. Enfin, l’accès à des intervenants, tous de grande qualité, m’a apporté une meilleure connaissance du monde des galeries, de l’édition et de la conservation des photographies. Huit mois très enrichissants!
Emilie Molinero
Ce travail photographique personnel s’inscrit dans mes recherches sur les liens qui nous attachent aux lieux que nous traversons. Par l’auto-fiction, je cherche ici à traduire en images une période de mon enfance passée chez ma grand-mère paternelle, décédée il y a quinze ans et dont la maison a été vendue depuis.
De chez ma grand-mère, j’ai gardé une géographie intime, parcellaire et émotionnelle. Je n’ai que très peu de souvenirs visuels mais les sensations sont demeurées intactes : lumière voilée des pièces, odeur mêlée de café, de cire et de savon de Marseille, toucher froid du Formica et douceur du velours. Des bruits émergent encore parfois de l’obscurité : tic-tac du réveil, goutte-à-goutte de l’évier, ronflement des trains de nuit.
Je me souviens errer d’un endroit à l’autre. Tuer l’ennui en passant des pièces de vie comme la cuisine, le salon télé ou la salle de bains aux pièces sanctuaire, figées dans le silence et la solitude, comme la salle à manger ou la chambre à coucher.
Prenant appui sur des lieux et des objets d’aujourd’hui, l’acte photographique a réveillé, au fil des mois, ma mémoire visuelle et émotionnelle, faisant surgir « l ’édifice immense du souvenir ».
EXTRAIT