Katel Delia
Entre-temps
FotoMasterclass #4
J’ai choisi cette masterclass pour son rythme de 8 mois mois et parce que c’est le lieux où on peut développer un projet vraiment personnel.
Grâce à ce temps long, la réflexion permet de faire évoluer une idée de départ. Ce qui induit évidemment beaucoup de travail si l’on veut profiter pleinement des conseils de FLORE, Sylvie Hugues et Adrian Claret. C’est aussi, être prêt à renoncer à certaines pistes, puis à certaines photos et ainsi comprendre la porté émotive d’une photo, sa place dans la série.
J’ai aussi réappris à aimer le travail de tirage.
Les rendez-vous individuels entre deux week-end permettent de conserver un rythme de travail et de se concentrer sur des points très précis de son travail. Au fil des mois, on s’enrichit du travail des autres, de leur questionnement. Et puis bien sûr, la rencontre chaque week-end avec un expert de la photographie élargit votre connaissance, eux aussi vous rappelle combien le travail et l’exigence sont importants pour progresser et être davantage visible.
Katel Delia
Une photo vit des temps différents, elle revit dans un autre temps. Elles avaient une importance au moment où elles ont été prises, elles ont été conservées, regardées, oubliées, redécouvertes.
Ma famille paternelle maltaise a conservé de nombreuses photos de l’époque où elle a due immigrée en Tunisie. C’est pour moi le signe qu’elle voulait préserver la mémoire, la transmettre. Malheureusement, certains visages n’ont déjà plus de noms…
Parce que oubliés, je donne aux maltais de Tunisie, à cette immigration massive à l’échelle de ce petit pays une place centrale au récit à travers ces photos de famille.
À un moment, ces photos ne me suffisaient plus, mon père n’est plus là pour me raconter les histoires de sa jeunesse. J’ai éprouvé ce besoin de me rendre sur place, à la fois pour ressentir les parfums, les sons, les ambiances, mais aussi me rappeler ces moments que je partageais avec lui.
J’établis des correspondances avec les lieux, les rues de Tunis, La Goulette, Le Khram. Je me les réapproprie, ainsi que ces souvenirs que je transmets à mon tour en donnant un caractère universel.
Qu’ai-je hérité de cette période, des années 1930 aux années 60 ? Peut-on être nostalgique d’un lieu, une atmosphère que nous n’avons pas vécus ?
Il y a plus d’un siècle, les maltais fuyaient la pauvreté pour rejoindre la Tunisie, terre de promesses d’avenir meilleur, aujourd’hui la traversée se fait dans l’autre sens…